Le risque et la volatilité sont de nouveau au cœur des préoccupations de la chaîne d'approvisionnement. Une nouvelle vague de droits de douane américains et la riposte immédiate de la Chine menacent de bouleverser à nouveau les réseaux mondiaux, tout juste stabilisés après la pandémie.
L'impact
Selon nous, cette instabilité, causée par les droits de douane et la menace imminente d'une guerre commerciale, va impacter les chaînes d'approvisionnement sur trois plans essentiels :
- Les répercussions du risque
Les composants électroniques, les emballages et les matières premières en provenance de Chine en particulier et d'Asie du Sud-Est en général occupent une place importante dans la plupart des chaînes d'approvisionnement. Tout impact sur ces ressources aura des répercussions majeures sur le bon fonctionnement des réseaux de production mondiaux. - Perturbations maritimes
Les droits de douane impliquent plus de formalités administratives, augmentant les délais en douane dans les ports et aux frontières, en particulier dans cette période d’incertitude. Ils influenceront également le prix du carburant, ce qui viendra aggraver la volatilité des indices maritimes et compliquer, voire alourdir, le coût du transport de marchandises. Face à cette pression accrue, de nombreuses entreprises envisagent de rapprocher leur production de la demande. - Le coût de la sécurité
Les planificateurs vont devoir arbitrer entre la constitution de stocks de sécurité plus importants et leur exposition au compte de résultat. Dans un contexte de pressions inflationnistes persistantes, tout ce qui pèse sur le fonds de roulement représente un risque à anticiper avec soin.
Bien entendu, d'autres facteurs entrent en jeu, mais étant donné que tant de ces problèmes se recoupent, il est clair que ce qui a fonctionné hier ne suffira pas aujourd'hui.
Comment les planificateurs Supply Chain peuvent-ils réagir ?
Aujourd'hui plus que jamais, la résilience de la chaîne d'approvisionnement dépend d'activités de planification et d'exécution adaptatives et collaboratives capables de détecter et de répondre rapidement aux changements.
Les planificateurs Supply Chain les plus pragmatiques se concentrent sur les actions suivantes :
1. Renforcer les capacités de planification par scénarios
Il ne s’agit plus uniquement de disposer de plans de secours : il faut savoir anticiper avant que la perturbation ne se matérialise. Face à l’évolution rapide et complexe des droits de douane, les planificateurs doivent pouvoir simuler une multitude de scénarios « what-if ».
Une planification efficace suppose d’évaluer les impacts opérationnels, financiers et clients, et d’analyser les arbitrages entre différentes stratégies d’atténuation – sourcing alternatif, révision tarifaire, lancement de promotions ou réallocation des stocks. L’objectif n’est pas la perfection, mais la préparation : agir vite et en confiance quand l’un de ces scénarios se concrétise.
2. Accroître la visibilité sur les risques fournisseurs
La visibilité des fournisseurs doit aller bien au-delà de celle de vos partenaires de niveau 1 immédiats. Les points de vulnérabilité les plus critiques, notamment face aux risques douaniers ou politiques, se trouvent souvent au niveau des fournisseurs de niveau 2 ou 3. Un composant assemblé en Europe peut contenir des semi-conducteurs provenant de Taïwan, aujourd’hui soumis à de nouveaux droits de douane.
Améliorer cette visibilité nécessite de meilleures données fournisseurs, leur intégration dans les outils de planification et d’approvisionnement, ainsi qu’une cartographie amont des dépendances. Les bénéfices sont considérables : identification des points de défaillance, réduction des goulets d’étranglement et planification d’une stratégie d’approvisionnement plus résiliente et rentable.
3. Mener des stress tests réguliers et approfondis
Les tests de résistance ne devraient pas être un exercice peu fréquent ou ponctuel lié uniquement aux cycles annuels. Ils doivent faire partie intégrante de la planification de votre chaîne d'approvisionnement. L'objectif est de tester activement et de comprendre comment votre réseau pourrait résister à toute une série de chocs, qu'il s'agisse de tarifs, de retards d'expédition, de défaillances de fournisseurs ou de poussées soudaines de la demande (pour ne citer que quelques problèmes potentiels). Cela inclut l'évaluation de la rapidité avec laquelle vous pourriez transférer la production d'une région à une autre, si vous avez d'autres fournisseurs en place ou ce qui se passerait si un centre de distribution ou un hub devenait inaccessible.
La modélisation de ces points de tension à l'avance vous permet de découvrir les lacunes dans votre capacité à absorber les changements soudains et à y répondre, ainsi qu'à identifier les domaines dans lesquels les investissements en matière de résilience (automatisation, CD régionalisés ou diversification de l'approvisionnement) pourraient être rentables. Il vous aide également à aligner les opérations et les finances, en quantifiant les compromis entre les coûts, la rapidité et la résilience lorsque vous êtes sous pression.
4. Localiser les stocks stratégiquement
Les stratégies d'inventaire conçues dans un souci de rentabilité sont souvent les plus vulnérables en période de crise. Les modèles de stockage centralisé ou en flux tendu, s’ils sont efficaces en théorie, s’avèrent peu robustes face à des perturbations commerciales majeures.
La mise en place de stocks régionaux, adaptés à chaque zone géographique, permet de préserver le niveau de service. Il ne s’agit pas de surstockage, mais d’identifier les produits et zones critiques où un stock de sécurité supplémentaire peut limiter le risque. Cela repose sur une collaboration étroite avec la finance pour équilibrer résilience et performance du BFR.
5. Exploiter la puissance des prévisions basées sur le machine learning
Les approches classiques de prévision ont du mal à intégrer la volatilité engendrée par les événements externes comme les droits de douane. Le machine learning permet de bâtir des modèles plus réactifs, intégrant en continu les facteurs externes et les données historiques.
Ces modèles dynamiques détectent plus rapidement les signaux faibles, facilitant une réponse proactive et une meilleure lecture des arbitrages entre niveau de service, coût et marge.
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